À la fin des années 80, mes parents ont fait le choix de n’avoir qu’un enfant. Je précise que c'était un choix, et non la nature qui les empêchait de procréer. Leur choix était mal vu. Vraiment mal vu. 30 ans plus tard, une pareille décision est encore considérée comme étant bien marginale. En d'autres mots, les enfants uniques ont mauvaise réputation et j'ai envie de vous partager les réalités que d'être enfant unique, parce que c'est en vérité, une magnifique aventure.
Mes parents et moi formons depuis toujours un trio unique et du plus loin que je me souvienne, je les suivais partout. J'ai toujours eu une complicité exceptionnelle avec eux et je ne me suis jamais sentie seule ou délaissée. Je suis de nature très indépendante et j'ai une imagination assez exceptionnelle. Est-ce dû au fait que je suis enfant unique ? Peut-être que oui, peut-être que non.
Lorsque j’ai commencé à aller à l’école, j’ai rapidement compris que ce n’était pas la norme que de ne pas avoir de frère ou de sœur parce que nous n'étions que 2 enfants uniques dans ma classe il me semble. Mes amis me posaient plusieurs questions du genre : "Est-ce que tu es plus gâtée ?", "Es-tu capable de partager", "Est-ce que tu t'ennuis ?", "Avec qui est-ce que tu joues", etc. Mes réponses étaient toujours les mêmes : "Je ne suis pas plus gâtée que les autres", "Je suis capable de partager", "Je ne m'ennuie pas" et "Je joue avec les amis de ma rue, avec mes parents ou avec mes toutous".
Mais tout ce questionnement m’a poussé, à une certaine période (je devais avoir environ 5 ou 6 ans), à demander en cadeau à mes parents un petit frère ou une petite sœur pour Noël. Ce n'était pas parce que j’étais triste, que je m’ennuyais ou que quelque chose me manquait. Je crois que je voulais simplement être comme tout le monde. Et à cette curieuse demande, bien que j'étais très jeune, mes parents ont toujours été honnêtes envers moi en m'expliquant que si j'avais un frère ou une soeur, je me ferais plus souvent garder et que je ne pourrais plus faire autant de voyages et de sorties avec eux. Parce que oui, un enfant a bien beau ne pas être une dépense, il n'en demeure pas moins que c'est coûteux. Ça y est, c'est dit !
J'étais à l'époque bien loin de me douter de la pression sociale que mes parents vivaient. Que ce soit des membres de leur propre famille, des amis, des collègues ou de purs inconnus, tout le monde avait son mot à dire sur leur décision que de ne vouloir qu'un enfant :
"Un enfant, ce n'est pas assez", "Elle sera trop gâtée", "Vous ne pensez qu'à vous et vous ne pensez pas à elle", "Elle sera toujours toute seule et grandira sans frère et soeur", "Vous êtes égoïstes", "Vous défiez la loi de l'Église", "Vous brisez le moule et la tradition de fonder une grande et vraie famille", "Si votre enfant meurt, vous n'en aurez plus", etc.
Ce sont littéralement des copier-coller du texto de ma mère lorsque je lui ai dit que je voulais écrire sur le sujet. Quelle est votre réaction quant aux commentaires ci-dessus ? Vous trouvez que ça n'a pas de sens, ou si vous pensez la même chose ?
Avant de fonder notre propre famille, mon chum et moi avons toujours dit que nous ne voulions qu’un seul enfant et ceci suscitait bien des réactions et des discussions. Nous avons aujourd'hui un fils et je dois avouer que nous ne sommes pas encore prêts à prendre notre décision finale, mais il n’en demeure pas moins qu’il y a de fortes chances que Harrison soit enfant unique, tout comme je l'ai été. L'avenir nous dira si j'aurai d'autres enfants, mais il se peut que non, même si mon garçon est un bébé ultra facile, que j’ai eu une grossesse de rêve et un accouchement rapide.
Cela fait donc des années qu'on m'envoie relativement les mêmes commentaires que mes parents ont entendus dans les années 80. Comme j'y étais très bien préparée, j'admets que ces commentaires me font plutôt rire. D'autres remarques qu'on me fait parfois sont : "Une vraie famille, c'est au moins deux enfants", "Quand vous allez mourir (mon chum et moi), ton enfant sera tout seul". Mais je dois souligner que nous recevons aussi plusieurs commentaires positifs de gens qui veulent que nous ayons d'autres enfants simplement parce qu'ils trouvent que nous sommes de bons parents ou qu'ils trouvent que notre fils est adorable. C'est toujours touchant et flatteur d'entendre ça :-) !
Il faut simplement garder en tête je crois que l'image de la famille n'est plus ce qu'elle était dans les années 50. Les familles d'aujourd'hui peuvent avoir deux papas ou deux mamans, et même 8 grands-parents. Les enfants peuvent avoir des demi-frères, des demi-soeurs. Des femmes et des hommes peuvent décider d'avoir des enfants seuls, même s'ils ne sont pas en couple. Est-ce que ce sont quand même de "vraies" familles. Oui, totalement. Enfant unique ou enfants multiples, c'est l'amour qui compte, pas le nombre de personnes qu'il y a autour de la table.
Je trouve bien malheureux que des parents choisissent d’avoir plus d’un enfant parce qu’ils se basent sur de fausses croyances comme quoi un enfant unique serait plus égoïste, plus anxieux et qu'il aurait plus de chances de développer des troubles sociaux. Des études démontrent plutôt le contraire et la réalité est en fait toute autre. J'ai adoré (et j'adore encore) mon expérience d'enfant unique. Si vous avez des questions d'ailleurs, n'hésitez pas à m'écrire, ça me fait toujours plaisir de parler de ce sujet qui est encore trop tabou.
Je ne pourrai jamais savoir ce que c'est réellement que d'avoir une relation avec un frère et/ou une soeur, donc cela ne me manque pas car je ne l'ai pas vécu. Toutefois, quand je regarde autour de moi, je suis témoin de tellement de belles histoires entre des frères et sœurs qui sont comme des meilleur(e)s amis, qui ont une relation riche et indestructible. Je trouve ça beau, mais je ne les envie pas, je suis seulement heureuse pour eux. J'ai aussi été témoin à maintes reprises d’histoires de malhonnêteté et de méchanceté entre des frères et des soeurs, ce n'est donc pas toujours une réalité facile. Je n’ai peut-être pas de vraie sœur, mais j’ai des amies que j’aime comme des sœurs et qui resteront toujours dans ma vie.
" Friends are family we choose for ourself " - Edna Buchanan
Je ne suis pas en train de dire que de n’avoir qu’un enfant est mieux. Certains me disent qu’ils en veulent 3 parce que ça fait une belle dynamique ou parce qu’ils ont grandi dans une famille nombreuse et qu’ils ont adoré leur enfance. D'autres en veulent plus d'un parce qu'ils veulent offrir à leurs enfants la complicité qu'un frère et une soeur peuvent avoir. Tous ces arguments sont à mon sens excellents et s'ils vous motivent, je vous encourage à avoir plus d'un enfant. Mais si vous sentez au fond de vous qu'un, c'est assez, je crois que vous avez votre réponse et n'allez jamais penser que votre unique enfant manquera quelque chose. Tout ce qui importe, c'est l'amour que vous lui donnerez. J'aimerais ajouter un mot pour pour les gens qui lisent cet article et qui ne veulent pas d'enfant. Écoutez-vous et respectez-vous avec votre choix, parce que bien que la société semble parfois bouder les familles qui n'en veulent pas, je respecte cette décision à 100 %.
Conseil de planificatrice : ce conseil n'a rien à voir avec la planification, mais je vous recommande simplement de vous écouter et d'éviter d'accorder de l'importance à ce que les autres disent et pensent. Un enfant, ce n'est pas un animal de compagnie. On ne peut pas s'en départir lorsque qu'il est trop dérangeant ou qu'il ne fait plus notre affaire. Et surtout, ne vous comparez pas.
Donc finalement, être enfant unique, ce n’est pas pire, ce n’est pas mieux. C’est juste normal en fait. Je suis normale. Si vous êtes enfant unique, vous comprenez sans doute. Si vous élevez un seul enfant ou si vous choisissez volontairement que de n'en avoir qu’un, sachez que ce sera une belle aventure. Une très belle aventure même !