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Photo du rédacteurÉmilie Viens

L’ÉPIDÉMIE DU STRESS ET DE L’ANXIÉTÉ

Selon un sondage mené en 2019, près d’une personne sur deux se dit anxieuse ou stressée au Québec*. Notre société fait présentement face à un grave problème. Faites-vous partie de ce pourcentage ?



Je retiens définitivement de mon père qui, comme moi, est d’un tempérament stressé. Quand je regarde mon chum par contre, c’est tout le contraire. Je suis toujours prête à réagir à mon environnement alors que Phil, lui, est plutôt en mode observation. Son calme est légendaire à mes yeux. Conclusion : on a beaucoup à apprendre l’un de l’autre.


Bien que le stress et l’anxiété puissent être de différentes natures, de mon côté, c’est à ma sphère professionnelle qu’ils étaient reliés. Rapidement en début de carrière, j’ai appris à cohabiter avec le stress parce que je n’avais pas le choix. Je dois dire que pendant un certain temps, j’y suis bien parvenue parce que les autres sphères de ma vie n’étaient pas atteintes. J’avais appris sans trop de mal à faire la coupure entre le bureau et la maison. Cette réalité a duré quelque temps et le stress, qui était de plus en plus difficile à déjouer, s’est finalement transformé en stress permanent et l’anxiété a fait son apparition au même moment.


Sans m’en rendre compte, une boule qui me nouait constamment l’estomac s’était confortablement installée en moi. Au départ, cette sensation se présentait le matin, au moment de franchir les portes de l’immeuble où se trouvait mon bureau, pour me quitter le soir dans l’autobus. Mais rapidement, cette sensation d’angoisse constante a pris beaucoup plus d’ampleur pour parfois même se présenter la nuit, le soir et pendant mes vacances. C’était une nouvelle réalité à laquelle je me suis drôlement vite habituée.


Je remarque que le stress et l’anxiété sont souvent confondus donc avant de poursuivre, j’ai envie de vous faire une brève comparaison.


Selon la définition du Larousse, le stress est un « état réactionnel de l'organisme soumis à une agression brusque » tandis que l’anxiété est une « inquiétude pénible, tension nerveuse, causée par l'incertitude, l'attente ; angoisse. C’est également un trouble émotionnel se traduisant par un sentiment indéfinissable d'insécurité. »

Donc, pour traduire ces définitions en exemples, le stress pourrait être de recevoir un appel d’un client insatisfait, d’apprendre qu’un accident est arrivé à un de nos proches, l’annonce d’un examen à venir, etc. Notre corps réagit à la suite d’une nouvelle ou d’une annonce. L’anxiété, quant à elle, est plus subtile et c’est pour cette raison qu’on la confond avec le stress. Pour faire un lien avec les précédents exemples, l’anxiété se traduirait par la crainte qu’un client soit insatisfait, la peur constante qu’un de nos proches ait un accident de voiture et l’appréhension d’échouer un examen malgré les efforts que vous investissez dans vos études.


En gros, le stress est supposé vous quitter tandis que l’anxiété s’installe confortablement pour vivre avec vous, en vous. Certains sont anxieux de nature et l’ont toujours été, alors que d’autres comme moi ont dû vivre un certain déséquilibre ou une accumulation de stress sur une trop longue période avant de goûter à l’anxiété.


J’ai réellement compris l’impact qu’avait le stress dans ma vie et dans notre société lorsque j’ai participé à un atelier de respiration au Monastère des Augustines il y a de cela quelques années.

Le stress, qui est à la base causé par un événement extérieur, occasionne une réaction dans notre système et naturellement, notre corps se met en mode survie. Il nous donne la force d’affronter ce qui arrive. Notre corps sécrète entre autres du cortisol (aussi appelée hormone du stress) et de l’adrénaline (hormone du guerrier). Nos muscles se crispent, se tendent et notre respiration est soudainement plus rapide. Vous comprendrez que nous avons besoin du stress car sans lui, nos ancêtres n’auraient peut-être pas survécus puisque c’est ce mécanisme de défense qui nous permet de faire face au danger lorsqu’une situation d’urgence survient.


Par le passé, les situations stressantes pouvaient être nombreuses, mais le stress se dissipait par l’effort ou la libération physique, ce qui occasionnait moins de dommages à long terme. Pour reprendre l’exemple qui nous avait été présenté au Monastère, si nous remontons à l’Âge de pierre et qu’un homme se retrouvait face à face avec un ours, deux choix s’offraient à lui : combattre la bête ou la fuir. Une fois à l’abri (ou une fois l’ours vaincu … tout dépendant du choix, mais moi, j’aurais couru !), les effets du stress se dissipaient en raison des efforts physiques soutenus que l’homme avait déployés (fuite ou combat). L’effort physique fait grandement baisser le taux de cortisol, en plus de permettre au corps de sécréter la dopamine (qui favorise la concentration et l’attention) et la sérotonine (qui favorise le calme … on en retrouve entre autres dans plusieurs antidépresseurs).


Aujourd’hui, plusieurs d’entre nous sont assis devant leur ordinateur lorsqu’un événement dramatique survient.

Par « dramatique », je ne veux pas nécessairement dire qu’il y a mort d’homme et voici un exemple réel provenant de mon ancien travail de planificatrice d’événements. Il m’est malheureusement arrivé plus d’une fois de recevoir un courriel comme celui qui suit, mais juste avant, je dois vous mettre en contexte : imaginez que cela fait des mois que vous travaillez sans relâche (et fréquemment en temps supplémentaire) sur un grand événement d’envergure nationale. Vous avez vous-même veillé à ce que chaque petit détail soit pensé et vous avez soigneusement réservé les chambres et les vols de chacun des 400 participants. L’événement est dans moins de 7 jours. L’organisation n’a pas été sans embuche, mais il ne reste que quelques détails à finaliser. Autrement dit, vous voyez la lumière au bout du tunnel. Et c’est à ce moment précis qu’à 16 h 58, vous recevez ce courriel avec la mention « ! » urgent.


« Émilie, la direction vient de décider que nous allons reporter la réunion nationale à la semaine du 20 mai. C’est dommage. Peux-tu contacter l’hôtel afin de voir s’ils ont de la disponibilité et sinon, en trouver un autre ? ».


Ça ne prenait pas 2 secondes que toutes les cellules de mon corps envoyaient un code rouge à mon cerveau : « DANGER ! DANGER ! ». Juste en écrivant ces lignes, le rythme de mon cœur s’est accéléré, c’est fou ! Bien que je ne sauvais pas des vies dans mon ancien travail, il n’en demeure pas moins qu’il était très exigeant et stressant. Vivre des situations de la sorte faisait partie de ma réalité professionnelle et si vous côtoyez de près ou de loin cette industrie … vous compatissez, j’en suis certaine ;).


À force de vivre des situations stressantes devant nos ordis, notre corps emmagasine un tas d’effets qui deviennent à la longue très néfastes pour notre organisme. Quand on reçoit des nouvelles du genre, notre corps aurait besoin qu’on se défonce physiquement dans l’immédiat, alors que nous restons normalement figés sur nos chaises à arrêter de respirer et les pupilles bien dilatées.


Le danger avec l’anxiété, c’est la capacité d’imposer cet état d’alerte à notre organisme sans vivre d’événement externe.

C’est pour cette raison que les gens les plus performants et les plus occupés arrivent toujours à trouver un trou dans leur agenda pour pratiquer un sport ou faire de l’activité physique. Ils en connaissent les bienfaits et savent que lorsqu’ils sautent une journée ou une semaine, leur capacité à réagir aux différentes situations de leur vie est atteinte parce que le stress est plus présent. Le sport et l’activité physique sont d’excellentes façons de vous permettre de mieux vivre avec l’anxiété et le stress mais sachez qu’il existe aussi d’autres alternatives très efficaces. C’est d’ailleurs dans mon prochain article que vous en apprendrez davantage.


Si vous vous reconnaissez dans ce texte, félicitez-vous parce que vous venez de constater que vous vivez un certain stress ou de l’anxiété. La première étape est de constater qu’il y a un problème.

Conseil de planificatrice : tentez d’identifier le moment dans la journée où cette sensation se présente et à quel moment elle vous quitte. Soyez précis. Écoutez aussi les signaux de votre corps afin de reconnaître clairement les symptômes. Et enfin, si vous avez la chance (ou le courage, ça dépend des gens !) d’aller faire de l’exercice physique après avoir ressenti ces émotions, c’est excellent. Autrement, essayez malgré tout d’accepter ces émotions, de les vivre et surtout, de respirer.

Exemples de symptôme physiques : nausées, sueurs, tremblements, manque d’air, bouche sèche, boule dans l’estomac, … toutes ces réponses.


Parenthèse : je suis une fille qui ADORE les outils (et qui aime surtout les créer !). Si un outil pour vous aider à suivre l'évolution de votre stress et anxiété dans la journée et dans la semaine vous serait utile, écrivez-le dans les commentaires ci-dessous et selon la popularité, je pourrais créer quelque chose.


Enfin, je vous partagerai prochainement 5 trucs concrets que j’ai mis en application à différents moments de ma vie et qui m’ont grandement aidé à cohabiter avec mon stress et mon anxiété. Vous pourrez facilement vous les approprier et ainsi apprendre à vivre avec ces sentiments, car rendez-vous à l’évidence, vous êtes fait ainsi et ils font partie de vous.

 

*Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1246446/anxiete-sondage-leger-quebec

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